« La photographie montre ce qui ne devrait jamais être montré. »

« Personne ne saura » est une phrase prononcée par mon grand-père lorsque j'étais enfant. A cette époque, nulle preuve n’existait pour témoigner des injustices que je subissais. Mais la photographie en a décidé autrement.Dans Personne ne saura, chaque image est une pièce à conviction, a valeur de constat, quand bien même ce constat exige l’appréhension d’une construction mentale.Je désigne chacune de ces photographies comme un « plateau de souvenir », un souvenir reconstitué dans le monde clos de l’atelier-studio, un souvenir reconfiguré par un ensemble de gestes plastiques et photographiques dont tous les éléments sont à forte charge symbolique. Des souvenirs tout à la fois limpides et précis, cryptiques et énigmatiques du petit garçon que j’étais, des souvenirs parmi d’autres souvenirs oubliés, refoulés.Je conçois des images méta-réelles, métaphysiques, où s’abolissent l’espace et le temps, où ma biographie intime, jusqu’ici repliée dans les tréfonds de ma conscience, se manifeste à l’extérieur telle qu’elle m’apparaît à l’intérieur.Avec Personne ne saura, je cherche à établir avec autrui un pacte de sincérité, j’aspire à engendrer, à partir du théâtre de ma subjectivité, une nouvelle forme de l’objectivité photographique.